L’éditorial de Jean-Pierre Teyssier, Président de l’ARPP

Points de vue

MISSION ACCOMPLIE


photo_JP_Teyssie191.jpg 2008 a été pour l’ARPP l’année de la renaissance : en passant de l’autorégulation à la régulation professionnelle concertée, grâce à l’ouverture aux consommateurs et à la mise sur pied d’un Jury indépendant, notre organisme d’autodiscipline a su introduire ouverture et impartialité. Avec un nouveau nom et de nouvelles instances associées, l’ARPP s’est crédibilisée.
2009 a prouvé que le nouveau système fonctionnait. Cela lui a apporté une reconnaissance légale et publique dans notre pays. En dépit de la crise exceptionnelle qui frappe leur secteur, les professionnels de la publicité ont su montrer, en ouvrant et en rendant plus efficace leur dispositif de régulation, que celui-ci pouvait répondre à l’intérêt public comme à celui de leurs entreprises. Il est désormais reconnu par les autorités légales et politiques.

La nouvelle loi audiovisuelle de mars 2009 a ainsi légalisé le recours à l’ARPP de la part du CSA pour la vérification avant diffusion de la publicité télévisée. La loi du 3 août, dite Grenelle 1, a, de son côté, reconnu la régulation professionnelle comme mode d’encadrement de la publicité en matière environnementale. En légiférant sur les jeux en ligne le Parlement a constaté l’intérêt des règles déontologiques pour la publicité des futurs opérateurs. Du coup, les tribunaux ont pris conscience du sérieux des règles professionnelles : ainsi, tout récemment la Cour d’Appel de Paris a reconnu que le juge devait « tenir compte des Recommandations de l’ARPP ».
Il en résulte que les problèmes qui peuvent se poser entre la société, ou les pouvoirs publics, et la publicité peuvent désormais trouver leurs solutions, non plus dans de nouvelles règlementations – aux dépens d’un secteur qui en connaît déjà beaucoup, et qui pénaliseraient des entreprises et des médias déjà lourdement frappés par la crise -, mais dans des accords négociés avec les pouvoirs publics. Après les Chartes signées les années passées dans les domaines du respect de la personne humaine, et de l’environnement, un nouveau texte a été signé en 2009 avec les Ministres de la Santé publique et de la Culture. Les engagements pris par les professionnels pour assurer une publicité alimentaire conforme aux exigences de santé publique ont ainsi permis d’éviter de nouvelles restrictions aux dépens de la publicité télévisée.

Cette reconnaissance est certes due au visage nouveau que présente le dispositif d’autodiscipline à la suite de la réforme de l’ex BVP menée il y a deux ans. Mais elle est aussi entretenue par la concertation menée en permanence entre les professionnels et les représentants des consommateurs et de la société civile, au sein du nouveau Conseil Paritaire de la Publicité, très actif. La crédibilité de l’autodiscipline est également nourrie par le fonctionnement efficace et impartial du Jury de Déontologie Publicitaire, autre nouvelle instance associée à l’ARPP.

L’effort ne doit donc pas se relâcher : alors que la publicité reste toujours sous le regard critique de notre société, ses professionnels ont conscience que les contraintes décidées en commun sont supportables au regard de l’immense avantage apporté par une régulation professionnelle jugée désormais légitime et efficace. Dans ce contexte, il importe qu’à l’avenir notre organisme puisse retrouver une sécurité financière renforcée, pierre angulaire de son développement, quelque peu fragilisée par les difficultés économiques du secteur.

A la veille de quitter la présidence de l’ARPP, du fait de la limite d’âge que je me suis fixée, j’exprime mes remerciements à tous ceux qui m’ont aidé pendant ces dix années passionnantes au service de l’autodiscipline publicitaire : les collaborateurs de l’Association, qui m’ont accompagné sans relâche dans la défense de l’éthique publicitaire ; les membres du Conseil d’Administration, qui m’ont soutenu pour aboutir à une régulation professionnelle nouvelle, construite à l’issue d’une réflexion commune et partagée ; les adhérents qui financent et respectent l’autodiscipline ainsi renforcée. Je suis convaincu qu’ils sauront tous maintenir les conditions de cette reconnaissance sociale enfin obtenue. Ils savent que la publicité ne peut se développer que si elle ne heurte pas le public en se fixant des règles librement discutées avec la société. En prouvant ainsi sa responsabilité, la publicité préserve ses libertés et s’ouvre la voie d’une meilleure acceptabilité par le corps social. Mieux acceptée, elle pourra plus largement participer à la croissance et à l’innovation, ainsi qu’à un financement sain et durable des médias. Je souhaite à ce mode exemplaire de régulation privée, aujourd’hui reconnu, de prouver sa pérennité dans les années qui viennent au service d’une communication libre et responsable.

Jean-Pierre Teyssier
_ Président de l’ARPP

mis en ligne le 9 juin 2010