J’ai été désigné par le Conseil d’Administration de l’ARPP, en 2011, pour succéder à Dominique Baudis, appelé par le Président de la République à prendre la fonction constitutionnelle de premier Défenseur des Droits.
Je n’aurai pas accepté ces fonctions sans un intérêt profond pour la publicité et son système d’éthique. Pivot régulateur d’un système très novateur de gouvernance d’un secteur riche de talents et confronté quotidiennement aux questions de société, l’ARPP s’inscrit dans une trajectoire marquée par le rôle historique du BVP.
L’autorégulation est un outil moderne, efficace et pertinent par rapport aux autres formes de régulation : le sens de l’Histoire est celui d’une exigence accrue de la démarche responsable des professionnels sur des thématiques qui dépassent les frontières : protection des données personnelles, image et respect de la personne – notamment à propos des stéréotypes féminins – développement durable, etc.
Cependant, j’étais aussi, au moment de ma prise de fonction, conscient du fait que l’autorégulation professionnelle n’est pas une tradition française et qu’elle suscitait de nombreux a priori, parfois même une défiance, difficile à dépasser, bien que la déontologie ait largement fait ses preuves au cours de ses 88 ans d’existence.
Au terme de mon troisième mandat, je souhaite revenir sur ces dernières années.
Dès mars 2010, l’ARPP présentait au Conseil National de la Consommation les résultats de la réforme de 2008. Un bilan complet de l’ARPP et de ses Instances associées était exposé aux associations et à la DGCCRF, qui exprimaient leur satisfaction devant l’amélioration de l’autodiscipline publicitaire en France
Au niveau européen, fin 2011, l’AEEP/EASA publiait un bilan élargi 2005-2011, permettant de juger de l’évolution des systèmes d’autorégulation depuis la signature de la Charte d’engagements devant la Commission européenne, dans lequel il était souligné que l’ARPP respectait l’ensemble des engagements pris vis-à-vis des Pouvoirs publics.
Rappelons les mots du Commissaire européen John Dalli, en charge de la santé et des consommateurs, en 2012, à l’occasion des 20 ans de l’AEEP/EASA : « La crédibilité et l’efficacité des systèmes d’autorégulation reposent sur deux conditions impératives. Tout d’abord, pour être efficace, l’autorégulation doit être crédible, et pour être crédible, il faut qu’elle soit participative et implique la société civile. Ensuite, l’autorégulation doit permettre le contrôle et le suivi de sa performance et de ses résultats, et pour ce faire, elle doit mettre en place des systèmes simples et ouverts de gestion des plaintes et être très transparente quant aux sanctions appliquées ».
Puis, en 2014, sous la présidence de Jean-Claude Juncker, la Commission européenne reconnaissait la better regulation, une régulation intelligente signifiant moins de réglementation et davantage de régulation.
Un état des lieux de la déontologie en 2018 permettait de constater que l’ARPP au niveau national, de même que l’Alliance européenne pour l’éthique en publicité (AEEP/ EASA) avaient mis en place des règles déontologiques qui couvraient désormais l’ensemble des sujets de préoccupation des consommateurs comme des Pouvoirs publics.
Je sais aussi que l’ARPP n’a eu de cesse d’innover, grâce à sa R&D, à devancer avec une IA spécifique les défis que peuvent poser la volumétrie et les différentes formes de communication commerciale numérique – p.e. les influenceurs, le programmatique -, partagée avec les organismes d’autorégulation à travers le monde, membres des instances AEEP/EASA et ICAS.
Et je ne reviendrai pas sur les engagements récents pris en 2021 dans le cadre de la loi Climat et résilience ainsi que sur leur effectivité, car vous les avez encore toutes et tous en tête, ces travaux étant le fruit d’une collaboration pertinente et efficace des professionnels de la communication publicitaire.
Je n’ai jamais adhéré au raisonnement qui voudrait que loi et autorégulation s’opposent et je crois que les éléments que je viens de rappeler en démontrent l’entrecroisement.
Alors j’invite, une fois encore, nos dirigeants actuels à jouer naturellement la complémentarité de la loi et de l’autorégulation professionnelle de la publicité, qui contribue à l’amélioration et au perfectionnement de l’activité de la communication en respectant le fragile équilibre entre, la liberté de création et le respect du consommateur, du citoyen.
Cette reconnaissance de son action apporte, à l’ARPP, une visibilité qu’elle met au service des autres en soutenant des démarches généreuses qui valorisent la créativité et l’efficacité d’une publicité respectueuse des règles éthiques.
Je citerai juste deux exemples très récents d’actions de l’ARPP, certes d’importance non équivalente, mais qui illustrent bien ces engagements vers plus d’inclusivité dans la société.
Le Fonds de dotation de l’ARPP soutient en 2023 le retour du Prix de la Communication Citoyenne, qui récompensera toutes les actions de communication dont la vocation est d’améliorer les comportements individuels et collectifs, de défendre de grandes causes ou de promouvoir les engagements citoyens d’entreprises privées ou publiques.
Plus modestement, l’ARPP vient d’apporter son soutien à la Fondation des Femmes en participant à la Nuit des Relais. L’objectif de cette course, festive et solidaire, à laquelle ont participé nos salariés – dont je profite de souligner leurs très grandes qualités professionnelles et leurs expertises indiscutables – étant de collecter des fonds pour soutenir des projets à fort impact en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes et contre les violences, auxquelles nous veillons au quotidien dans les messages publicitaires conformément aux missions confiées par la profession.
Voilà, l’ARPP est une belle mécanique, raffinée, toujours en quête de perfectionnement, dont je continuerai de suivre ses développements, à l’aube de ses 90 ans en 2025.
Paris, le 20 novembre 2023