L’accent sur la publicité digitale

Points de vue

Je remercie les Administrateurs de l’ARPP pour la confiance qu’ils m’ont témoignée le 14 octobre dernier en renouvelant mon mandat de Président, pour une nouvelle période de 4 ans.
Dans la continuité de mon précédent mandat, je vais m’attacher à défendre et conforter, auprès de toutes les parties prenantes, le dispositif d’autodiscipline patiemment élaboré par les professionnels français depuis 1935.

En 80 ans, dont les 7 dernières années sous la forme actuelle de l’ARPP, l’autorégulation professionnelle de la publicité a largement fait la preuve de son efficacité et je suis persuadé que d’autres secteurs pourraient indéniablement s’en inspirer. Pour autant, je reste conscient des enjeux auxquels nous avons collectivement à faire face, dans un pays où légiférer apparaît trop souvent comme une solution de facilité.

L’évocation de l’interdiction de la publicité pour les opérateurs Forex ou dans les programmes de France Télévisions destinés aux enfants sont les derniers avatars menaçant la liberté d’expression des entreprises. La force de la régulation professionnelle de la publicité réside dans ses fondamentaux. La stricte égalité entre les trois familles qui composent l’ARPP – annonceurs, agences, médias et régies -, les échanges constructifs avec les Instances Associées – Conseil de l’Ethique Publicitaire (CEP), Conseil Paritaire de la Publicité (CPP) et Jury de Déontologie Publicitaire (JDP), qui vient de modifier son Règlement intérieur en instituant notamment un Réviseur de la Déontologie Publicitaire – participent à un équilibre qui nous fait avancer de façon constructive malgré, ou plutôt grâce, à la diversité des opinions exprimées.

La mission de l’ARPP est intangible : préserver la liberté de la création publicitaire dans le cadre d’une communication responsable. Elle repose sur un écosystème qu’il est important de préserver : la reconnaissance par les Pouvoirs publics des atouts de la régulation professionnelle en complément du cadre législatif, la mobilisation des professionnels pour la faire vivre au quotidien, l’écoute et la prise en compte de la voix de la société civile pour répondre aux vraies préoccupations des consommateurs. Les nouvelles technologies ont largement ouvert le champ des possibles, démultipliant les techniques, les outils et les formats de communication. Elles ont modifié les comportements des consommateurs et leurs attentes tous azimuts : en matière de produits, de services, de mobilité, de flexibilité, de maitrise de leur données personnelles, de leur environnement. Le numérique brouille naturellement les frontières personnelles, commerciales, informatives, culturelles.

Pour autant, le consommateur, conforté par le régulateur public, français et européen, attend de la publicité qu’elle l’assume et qu’elle l’estime. La publicité digitale alimente la plupart des débats actuels : sur les adblockers (relire l’avis du CEP sur ce sujet), sur la nécessité d’une nouvelle charte (L.E.A.N évoquée par l’IAB), sur l’exploitation des données personnelles.

Ce même Conseil d’Administration, qui a renouvelé mon mandat, a adopté la quatrième version de la Recommandation « Internet, support publicitaire » (de 2000), renommée « Communication publicitaire digitale » en 2010, qui distingue un tronc commun de dispositions générales et une grille de lecture de techniques, dont quatre sont ajoutées en 2015. Ce travail doit être mondial, notamment au sein de l’ICC dans le cadre de la Task Force Revision du Code consolidé ICC des pratiques de publicité et de communication commerciale (www.codescentre.com), à laquelle Stéphane Martin participe et qui est présidée par Oliver Gray (AEEP/EASA). L’Alliance européenne est évidemment impliquée comme elle l’avait été pour apporter des réponses au ciblage des internautes, à partir de leurs centres d’intérêt (Online ehavioural Advertising). Maurice Lévy, dans l’entretien exclusif qu’il a donné à l’ARPP et Dominique Wolton, pour le livre « Avis à la pub » (Cherche-Midi), publié mi-novembre sous sa direction, y développent cet enjeu majeur. En France, il est cohérent que la première instance associée de réflexion et d’anticipation – le Conseil de l’Ethique Publicitaire – s’en soit saisie ; aux professionnels de se coordonner pour apporter des réponses équilibrées aux consommateurs et à la perpétuation d’un modèle gratuit et pluraliste de la communication au public en ligne, aux côtés de modèles tout ou partie payants, comme pour chaque média depuis la presse. Ces propositions « d’équilibre » pourront être présentées à la société civile, le Conseil Paritaire de la Publicité notamment ; le suivi de ces propositions devant être garanti au départ.

C’est pourquoi j’appelle à une mobilisation générale de la profession sur cette question dont l’enjeu dépasse la thématique de la seule publicité digitale, dans le sens où nombre d’enquêtes montre que les reproches qui lui sont faits, affectent de plus en plus la perception qu’ont les Français de la publicité dans son ensemble. L’ARPP est à ses côtés et réunit en son sein les trois familles directement concernées : un lieu unique, neutre par construction, reconnu institutionnellement.

François d’Aubert,
Président de l’ARPP

 

Paris, le 7 décembre 2015